Le souffle qui a animé l’art sacré chrétien a toujours su s’actualiser au travers des époques, au gré des nouveaux médiums, techniques, mouvements et technologies. Et très souvent, cette réactualisation sous une nouvelle forme s’est faite au bénéfice de parties de la population qui n’avait pas nécessairement été rejointes par un médium antérieur.
Ainsi la xylographie ou la gravure sur bois a permis de rendre accessible l’illustration de scènes des Évangiles à un plus grand nombre. Avant que la technique se développe, le graphisme des estampes taillées dans le bois était très primitif, et n’avait pas beaucoup d’atouts pour flatter les sens, comparativement à une peinture. C’est le message qui primait, et non la perception sensorielle de l’œuvre.
C’est un peu ce qui s’est produit dans l’histoire de l’art chrétien chaque fois qu’une nouvelle technique a été utilisée pour manifester la parole au travers d’une image. Ce sont d’abord des symboles ou personnages dans leur plus simple expression qui ont été représentés, avant que la maîtrise du médium ou de la technique permette aux artistes de démontrer leur savoir-faire et leur virtuosité. Nous pouvons remarquer qu’à chaque époque l’utilisation de nouvelles approches ont favorisé un renouveau de l’inspiration chrétienne.
L’artiste chrétien se trouve ainsi interpellé dans un double mouvement. Celui de se tourner vers les racines de l’art chrétien, pour retrouver l’inspiration première, le souffle intact émanant des Évangiles, et en même temps de l’amener plus loin, de continuer à manifester et à actualiser cet art dans les nouvelles approches, techniques et technologies contemporaines.
À l’atelier Dominique-Emmanuel, nous avons commencé par nous tourner vers les sources de l’art traditionnel chrétien en actualisant des icônes. Ensuite nous avons réalisé un certains nombres d’illustrations plus contemporaines, en cherchant à s’adresser autant aux enfants qu’aux adultes.
Nous relevons maintenant un nouveau défi, en réinterprétant des peintures traditionnelles de l’art chrétien occidental au moyen de médiums numériques.
À priori, il en résulte une importante perte de possibilités de rendre des nuances et de manifester la beauté esthétique propre aux œuvres traditionnelles chrétiennes.
Comme pour la gravure sur bois au moyen-âge, le médium de l’art numérique impose ses limites, en particulier si on travaille en vecteur.
Et en même temps, l’obligation de simplifier nous oblige à se concentrer sur l’essentiel du message.
Nous travaillons à deux, l’un d’entre-nous retourne aux sources de l’art chrétien pour en réinterpréter des modèles traditionnels, en les simplifiant et en les actualisant. L’autre reprend l’esquisse produite et la redessine en image vectorielle.
Le dessin vectoriel
Ce qui différencie une image vectorielle, c’est que celle-ci est redimensionnable sans perte de qualité. Ce qui signifie qu’on peut l’agrandir à l’infini sans qu’il n’y aie aucune dégradation. Le dessin vectoriel étant basé sur des calculs géométriques, c’est le même calcul proportionnel qui est réinterpolé en fonction du pourcentage d’agrandissement.
Contrairement à une image matricielle qui est constituée de pixels, ceux-ci devenant visibles lorsque l’image est agrandie.
Pour nous le médium, en plus de sa dimension utilitaire au niveau pictural, a également un sens sacré. Le fait que l’on puisse réduire ou agrandir à l’infini le dessin vectoriel sans qu’il soit altéré signifie pour nous que la bonne nouvelle chrétienne est ainsi être amenée autant dans l’infiniment petit que dans l’infiniment grand!
Pourquoi s’évertuer à utiliser les arts numériques et à créer des images vectorielles alors que les médiums traditionnels sont tellement plus chaleureux et esthétiquement expressifs? Nous nous sommes souvent posés la question.
Ce n’est pas que le médium numérique soit particulièrement séduisant, au contraire. Ni que les possibilités techniques ou artistiques soient véritablement attrayantes.
Surtout que les arts numériques sont avant tout utilisés pour créer des mondes virtuels, totalement déconnectés de l’esprit fondamental de la chrétienté.
Cette possibilité de réactualiser l’art chrétien au travers des médiums numériques s’est lentement imposée dans notre atelier au travers des années. Un peu comme si c’était une nécessité que l’Esprit de la représentation chrétienne s’incarne jusque dans l’imagerie numérique.
Sans se prendre au sérieux ni prétendre à quoi que ce soit, nous développons lentement, dans la curiosité de nouvelles dimensions à découvrir, cette nouvelle forme d’art chrétien.
Les images entièrement réalisée en vecteur peuvent être redimensionnées à la grandeur voulue et être imprimée sous forme de vitrail numérique ou encore de bannière murale.
Lire aussi à ce sujet l’article Conversion d’une peinture traditionnelle en « vitrail numérique »
Parcours de l’oeuvre
Les personnages de Joseph et Marie sont directement inspirés d’une peinture de Lorenzo Costa, un peintre italien de la fin du XVᵉ siècle et du début du XVIᵉ siècle.

Les personnages sont en tout premier redessinés et harmonisés sur papier pour les actualiser.


Ensuite ils sont entièrement retracés en dessin vectoriel. Il est à noter que dans ce cas-ci, ce ne sont pas les traits noirs qui sont tracés, mais plutôt les espaces blancs, comme dans le cas d’une gravure sur bois ou sur linoléum.

Après quoi des couleurs correspondant à des codes numériques sont assignées à cet espace.

Merci Manu, c’est magnifique. Anne Marie Forest (418) 714-4351 (Cell) (450) 753-7596 poste 232 (Trav)
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