C’est Ton œuvre avant d’être la mienne!

Peinture de Pierre Lussier

Nous pourrions affirmer que l’art chrétien, comme la religion chrétienne elle-même, est en tout premier une histoire d’amour, une rencontre intime entre l’âme et son Seigneur, entre l’artiste et le véritable Créateur.

En ce sens, lorsque la pratique artistique chrétienne est profondément vécue, elle tend à s’éloigner de la majorité des démarches artistiques contemporaines. Bien des parcours artistiques actuels sont centrés sur l’expression personnelle, sur la façon d’adhérer à certaines tendances culturelles tout en se démarquant par son propre style et son originalité, sur l’ambition de se faire un nom et de se faire reconnaître à la fois de ses pairs et de son auditoire.

Même s’il peut a priori sembler similaire au niveau du processus pictural, le chemin de l’artiste chrétien se situe presque à l’inverse, celui-ci cherchant avant tout à se mettre au service de quelque chose d’autre que lui-même. La pratique artistique du fidèle chrétien tient à la fois de l’attitude de Marthe et de celle de sa sœur Marie. D’une part l’artiste chrétien cherche à rentrer au service de son Seigneur et d’autre part il entre en contemplation profonde de Dieu et de son œuvre.

Ce « service-contemplation » s’est signé de tous les temps au travers des arts sacrés des débuts de la chrétienté et des diverses pratiques artistiques chrétiennes qui se sont déployées par la suite.

Les prières des anciens peintres iconographes et des artistes qui leur ont succédé en témoignent.

Nous prendrons à titre d’exemple des extraits de la prière du peintre Pierre Lussier de la région de Québec :

« O grand peintre, peintre d’entre les peintres, toi qui nous peins amoureusement de tes doigts de pluie et de foudre, toi qui n’attends que notre oui pour faire de nous un chef-d’œuvre à l’image de ton cœur,

je m’offre à toi comme un ruisseau égaré, comme une pensée encombrée assoiffée de clarté, comme la toile vierge esseulée. »

D’emblée la relation, entre le Dieu Créateur et le modeste artisan qui se met entièrement à son service, ressort.

Dans un autre extrait de la prière que le peintre prononce avant de commencer son œuvre, il affirme sans ambiguïté que le véritable Esprit de vie et de création vient de Dieu et non de l’artiste qui ne peut rien sans lui :

« Esprit de vie, me voici pour répondre à ton appel de peindre une image de la beauté vivante de ton amour pour notre humanité en marche. Daigne bénir mes mains, mes pensées et mon cœur pour que je puisse accueillir dans la clarté d’un cœur d’enfant le tableau que tu veux peindre à travers moi. C’est ton œuvre avant d’être la mienne. Sans toi devant moi, je ne peux y arriver… »

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Peinture de Pierre Lussier

Amoureusement au service du Créateur

Pour mieux comprendre cet appel profond qui pousse les artistes chrétiens à se mettre « amoureusement au service du Créateur », nous vous partageons quelques notes complémentaires sur le parcours atypique de l’artiste Pierre Lussier.

Après des études en cinéma et une courte adhésion au pop art dans sa jeunesse, Pierre prend une distance de l’effervescence des remises en question de la scène culturelle à cette époque. Il s’émerveille en toute simplicité devant la beauté de la nature. Nature à laquelle il rend un vibrant hommage tout au long de sa carrière de peintre.

C’est à partir de cette attitude contemplative face à la splendeur de la création que son parcours d’artiste au service de la beauté prend forme. Ce qui l’amène à célébrer avec autant de ferveur le paysage « extérieur » de la nature et celui plus intime que l’on retrouve à l’intérieur de soi.

« La contemplation de la nature avec sa présence fulgurante et le langage secret de sa poésie amènent mon âme de peintre à des découvertes quotidiennes sur la grandeur de l’univers et son mystérieux projet qui nous attire. »

Tel qu’il en témoigne, avant de commencer à peindre des scènes religieuses, la présence de Dieu lui est déjà présente dans la rencontre entre la lumière et la création :

« Partout, dans tous les chatoiements de la lumière, nous chercherons sans trêve ce battement de cœur pressenti, ce parfum d’une promesse incomparable. Ainsi, la lumière extérieure est sans doute le miroir inséparable d’une lumière intérieure. Mais déjà, celui qui contemple la nature extérieure sans orgueil et en toute simplicité, avec un cœur d’enfant et une grande ouverture d’esprit a de bonnes chances de frôler la grâce et de vivre une authentique expérience de lumière. C’est que la lumière est agissante. Elle est vivante et créatrice. Elle est foisonnante et inspirante. Elle s’inscrit dans l’élan créateur de l’univers dont la nature est le berceau.

Pourtant, si puissante qu’elle soit, la lumière seule, isolée, se languirait d’une matière à caresser, à éclairer, à faire danser, à aimer, au point où on ne peut la concevoir sans la matière. Pour répandre ses bienfaits, elle a besoin d’une résistance, elle dépend d’une planète qui tourne sur elle-même, de la texture d’une montagne, de la chevelure givrée d’un soldat.

Car l’homme est plus que l’homme et la lumière plus que la lumière. La rencontre émouvante de l’homme et de la lumière permet peut-être d’un côté à l’homme de devenir un être éclairé et de l’autre, à la lumière de s’humaniser. »

C’est dans cette profonde attitude contemplative que l’art sacré a peu à peu pris de plus en plus d’importance dans la vie de Pierre Lussier.

Loin de l’agitation tumultueuse du monde et des modes, l’artiste chrétien repose sur la certitude paisible de l’Amour du Créateur. Peinture de Pierre Lussier

Peintre figuratif, Pierre s’intéresse très tôt aux techniques picturales anciennes :

« Pour moi classicisme et peinture actuelle ne sont nullement en contradiction et j’aime puiser allègrement dans notre fabuleux héritage artistique. Je me suis plongé pendant trois ans dans l’étude approfondie des techniques anciennes à Florence, en Italie. »

Parmi ses modèles d’art traditionnel on retrouve Piero della Francesca, Dürer, Vermeer, Le Lorrain et Turner.

L’artiste-peintre conclut :

« Ma peinture se particularise peut-être par mon souci de m’inscrire dans la continuité de l’histoire de l’art sans ressentir un besoin de cassure ou de révolution et de privilégier une perspective universelle… »

«Si l’on considère l’histoire de l’univers dans son essence, on voit bien qu’il ne s’agit pas de faire du nouveau, car tout est déjà là. Le principe et la fin c’est l’amour. Et on ne peut remplacer l’amour par quelque chose de plus neuf. C’est la manière d’aimer qui se renouvelle.»

Quelques liens pour Pierre Lussier :
http://www.artcommons.com/bio.html?lang=0

http://agora.qc.ca/dossiers/Pierre_Lussier

Pierre Lussier est membre du
Réseau d’art chrétien et d’éducation de la foi (RACEF)
https://racef.art/

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